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Indice de bien-être des gens de mer.
Traduction libre par le cdt H. Ardillon d'un article paru dans la revue Seafarers Happiness Index
Seafarers Happiness Index - 3e trimestre 2020
Le «Seafarers Happiness Index» ou SHI (Indice de bien-être des gens de mer), élaboré en association avec le Shipowners' Club et le groupe Wallem, est un baromètre en direct des principaux problèmes auxquels sont confrontés les gens de mer. Ceux-ci doivent répondre à 10 questions clés, ce qui leur permet de partager leur point de vue sur ce qu'ils pensent des problèmes spécifiques qui affectent leur vie et leur travail à bord.
Bien entendu, les réponses ont été faites dans le contexte du Covid-19, de la crise mondiale et de ses conséquences sur les relèves. Ces réponses sont venues aussi bien des marins embarqués que de ceux actuellement bloqués à terre. Ce 3e trimestre 2020, il y a eu plus de variation dans les réponses, ce qui semble refléter les hauts et les bas émotionnels de la pandémie. L'espoir et l'optimisme au début du trimestre ont rapidement fait place à une déception écrasante. L'index a connu une forte hausse en début de trimestre, car il semblait alors que les changements d'équipage repartaient, puis il a chuté, même si la hausse du début du trimestre a suffi à provoquer une augmentation du score moyen de bien-être.
Il a été estimé qu'il était important de rassembler les différents problèmes que la pandémie a engendrés et de les éclairer particulièrement. Ce rapport se concentre donc sur certains points clés où les effets de la pandémie se font sentir, à savoir la charge de travail, les interactions sociales et les sorties à terre et il examine comment l'ambiance a changé depuis le début du Covid-19.
Résumé de l'étude
Le score moyen de l'indice de bien-être des gens de mer a atteint un niveau global de 6,35 (sur 10), pour 6,18 au 2e trimestre. Ce niveau a connu une augmentation plutôt surprenante, ce qui, même si le constat peut paraître satisfaisant, semble avoir été largement motivé par l'espoir d'un assouplissement des restrictions de voyage.
À ce sujet, il y a eu une différence notable entre le début et la fin du trimestre. Au début, il y avait des signes d'optimisme, croissant, alors que les frontières semblaient s'ouvrir à nouveau. Malheureusement, au fur et à mesure que le trimestre avançait, il y avait le sentiment que la deuxième vague de Covid-19 allait mettre fin à l'espoir de rentrer à la maison, voire de retourner au travail. D'où une baisse du niveau.
Là où les réponses étaient plus négatives, les gens de mer ont déclaré se sentir de plus en plus préoccupés et épuisés émotionnellement par l'incertitude entourant leur emploi. «La vie pendant le Covid est un enfer», c'est la réponse qui semble résumer l'ambiance générale.
Au début de la pandémie, ont été entendus des gens de mer confrontés à des charges de travail de plus en plus lourdes car obligés de rester à bord plus longtemps que leur
contrat. Un sentiment de frustration engendré par des dépassements de contrat, alors que le travail était toujours de 12 heures par jour, 7 jours par semaine.
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On a beaucoup parlé de la fatigue mentale des gens de mer, mais face à ces prolongations de contrat, on a également entendu des équipages, travailleurs manuels, parler de l'épuisement physique. Le temps passé à bord brise les corps et les esprits.
Les réponses indiquent ainsi que les gens de mer essaient de trouver le réconfort, autant que possible, dans leur travail, en l'utilisant comme moyen de dissiper leurs préoccupations concernant les relèves.
Il y a eu cependant des messages répétés de frustration, de nombreux marins déplorant la réduction des équipages.
Ces dures réalités signifient que les tensions augmentent, les capitaines, et les officiers, étant souvent accusés de faire travailler les équipages sans vraiment tenir compte des circonstances exceptionnelles.
En revanche, là où les équipages voient du positif, c'est dans l'unité créée à bord puisque les gens de mer luttent ensemble au sujet des prolongations de contrats. Ceux qui ont parlé positivement ont dit que les activités et les heures de repas partagées sont essentielles pour aider à maintenir les relations. Cependant, les derniers résultats indiquent que la distanciation sociale et l'utilisation constante des équipements de protection individuelle (EPI) devient de plus en plus problématique, les masques en particulier renforçant le sentiment d'isolement.
Comme il en a été au cours du premier semestre 2020, les tensions à bord continuent d'augmenter et des problèmes tels que race, politique et intimidation ont de nouveau été signalés. De plus, malheureusement, l'incertitude concernant le retour à la maison ne fait qu'exacerber ces problèmes.
La question des sorties à terre pendant la pandémie : à maintes reprises, les gens de mer ont déclaré qu'en raison de la pandémie, il leur était impossible de s'éloigner du navire.
Et pour d'autres, même là où il est possible de sortir à terre, ils préfèrent «dormir plutôt que de sortir», et certains sont heureux de rester à bord car ils se sentent vulnérables face à la possibilité d'infection dans certains des pays visités.
Lorsqu'il a été question des sorties à terre et des inquiétudes à ce sujet, certains membres d'équipage ont dit se sentir pris au piège, isolés, inquiets et vouloir simplement retrouver leurs familles. La communication devient d'autant plus essentielle qu'elle est devenue impossible. Être connecté n'est plus simplement important, c'est devenu absolument vital. Les équipages ont désespérément besoin de comprendre ce qui se passe à la maison et comment leurs familles sont affectées par le Covid-19. «Il n'y a toujours aucun signe de relève et de rapatriement», a déclaré l'un d'eux, dans un commentaire reflétant les pensées de beaucoup.
Et les marins à terre
En plus de ceux en mer, il y a également eu un certain nombre de réponses de marins qui sont confrontés à la ruine financière car ils ne peuvent pas rejoindre les navires. Il y a eu des messages de désespoir. Certains sont obligés d'envisager des changements de carrière, en danger. Beaucoup de commentaires de marins ne pouvant pas rejoindre un navire et n'ayant donc plus de travail.
Beaucoup se considèrent comme des victimes oubliées de la pandémie.
Coincés chez eux, beaucoup disent que pour éviter une ruine financière de plus en plus probable, il leur faudra tourner le dos à la mer. Ils se sentent totalement impuissants et ne savent pas vers où aller.
Certes, un grand nombre des gens de mer qui ont parlé de cette question appartenait au secteur des croisières. Malheureusement, la pandémie ayant décimé la croisière, il semble que beaucoup se demandent simplement s'ils travailleront à nouveau.
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