La Route du Rhum 2018
La Route du Rhum 2018 a réservé, comme à l'accoutumée, des surprises. Pas dans le sens où le vainqueur n'aurait pas été celui qui était attendu, et à vrai dire cela m'importe peu. Mais plutôt sur les incidents survenus pendant la course.
Même avant la course, si on tient compte de ce skipper qui a oublié de sortir son bateau avant la marée basse, qui s'est retrouvé échoué à quai dans le port de Saint-Malo et n'a pu rejoindre à temps la ligne de départ. Oubli du phénomène de marée, de ses horaires… Une erreur de jeunesse probablement. Mais quand je pense au temps passé en calculs de marée, que ce soit à l'école ou à bord, pour vérifier le laps de temps que l'on avait pour aller à quai… Une autre histoire, en mer celle-là, m'a interpelé. Parue au journal "20 minutes Marseille Provence" du 15 novembre. Le titre : «Une collision pareille, c'est irréel !». Quelques extraits de l'article :
Quel capitaine parmi nous (et vous remarquerez que je n'ai même pas mis de pluriel à capitaine) a dit à son chef de quart, voire écrit dans ses consignes permanentes, que si on avait la priorité, nul n'était besoin de vérifier si l'autre navire manœuvrait ou pas. De continuer à corriger ses cartes, remplir les check-lists ISM, ou tout autre activité enrichissante du même acabit sans plus se soucier de ce qui pouvait se passer sur la mer jolie. Et oui, pas le même monde. Le 16 novembre, un autre concurrent, cette fois-ci proche de l'arrivée, Alex Thomson s'accorde un moment de sommeil avant d'entamer le tour de la Guadeloupe. Batterie déchargée, son réveil ne fonctionne pas. Son équipe à terre le voyant aller à 19 nœuds directement sur la terre, l'appelle au téléphone, sans parvenir à le réveiller. Il talonne près de la pointe de la Grande Vigie, bateau très endommagé. Il se dégage au moteur avant de rallier la ligne d'arrivée à la voile. Alors, on peut encore et toujours se demander si le fait d'être seul à bord est en accord avec la sécurité en mer. Mais il vrai que nous, capitaines de navires pollueurs voyous des mers, ne sommes pas des héros.
Cdt Hubert Ardillon
président du CESMA, vice-président de l'AFCAN |