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Management et métaphore maritime.




La métaphore maritime

La métaphore maritime est souvent employée dès lors qu'il s'agit de donner une image expressive d'une entreprise, certains politiques -ayant les leurs- en sont friands. La métaphore est en grec le transport par l'analogie. Appliquée au domaine maritime elle est particulièrement puissante, évoquant un monde peu commun, où les dimensions sont autres et où les mots sont évocateurs : vagues, lame de fond, dérives, naufrages... le concept le plus marquant résidant certainement dans celui d'équipage associé à la nécessité d'arriver ensemble. « Être à la barre » et « donner le cap » relèvent d'un ensemble dont il est intéressant de connaître les particularités en vue de pouvoir bénéficier de quelques pratiques permettant d'y arriver, ensemble.

Transportant une activité à la mer, le navire opère en milieu mouvant et environnement variable, parfois turbulent. Commerce en temps contractuel, pêche rentable, voyageurs satisfaits, opérations réussies, s'y ajoute la navigation, entreprise en elle-même car en possédant tous les caractères dont celui de l'économie au sens « oikos nomos »: règle de la maison édictée pour rendre les efforts efficients. La première économie est alors celle des Hommes, pour durer. Confrontés aux éléments, il leur faudra maîtriser les risques, écueils au sens premier, et saisir les opportunités ou « vent poussant vers le port ». Obtenir les efforts nécessitera de mobiliser les cœurs et les esprits pour avoir au bon moment le gouvernail (1) dans la position requise. La navigation maritime concentre toutes les activités du management. Ce management appelle l'attention faute de quoi le voyage peut être désagréable voire difficile et le port non atteint, ou en retard. Le « voyage » est important.

Le navire est sociologiquement une « institution totale »: un univers de résidence et de travail partagé pour une durée assez longue en menant une vie réglée. Reclus à la mer où la première rencontre est avec soi-même, le marin bénéficie en contrepartie d'une ouverture sur le monde; des positions changeantes sont également d'autres « points de vue » ! « Réglé » est la recherche d'une organisation dont les grecs se donnaient une représentation dans le mouvement céleste (2). C'est une difficulté car comme le disait Paul Valéry deux dangers nous menacent: l'ordre et le désordre, il faut trouver l'organisation permettant de s'adapter « hic et nunc » aux circonstances. Le navire étant domicile, entreprise et société, il faut définir l'organisation entrepreneuriale et politique permettant de durer ensemble : tout est dans ces deux mots et il s'agit non seulement de manager au sens gérer mais de fédérer les Hommes en faisant concourir leurs efforts. Le management à bord des navires doit cultiver la cohésion du groupe « équipage », gage de survie sur le temps long car comme dans « l'an 480, Salamine (3) » l'élément c'est la mer où tout est incertain et toute navigation est une entreprise dans laquelle l'équipage ne peut compter que sur lui-même. Dans les marines de guerre suite à l'avènement d'une grande technicité appelant la décentralisation des connaissances, la discipline rigide (4) s'est muée en discipline des règles communes de vie et de travail nécessaires pour vaincre ensemble. A bord, l'intelligence collective s'accompagne de facto de l'action collective, synthétiquement l'esprit d'équipage permettant de durer et « arriver ensemble ». L'art de l'encadrement est de maintenir cet esprit au plus haut niveau et s'acquiert progressivement à la mer, cumulant les expériences. S'il arrive que des capitaines ne quittent pas le bord en dernier la communauté de destin reste réelle: du matelot à l'amiral, le Hood emmena son équipage par le fond et les exemples sont nombreux quelles que soient les marines, de guerre, de pêche, marchande.

Conditions de vie inconfortables, éloignement affectif, rupture du rythme circadien, les contraintes combinées à la durée et à la proximité révèlent rapidement, du matelot au capitaine, les sensibilités, les forces et les faiblesses, les caractères et les humeurs, mettant l'Homme au premier plan. Dès lors le risque psychosocial des organisations du travail est accru et pour éviter sa transformation en mutinerie, les capitaines doivent trouver les conditions de stabilité de cette « institution totale ». A bord les exagérations, hubris grecques ou fautes, sont à éviter. La vie en équipage est compréhension au sens premier: « prendre ensemble », appelant tolérance et rigueur. Tolérance qui -les ingénieurs le savent- permet les assemblages, rigueur car à la mer l'à-peu-près est souvent facturé. En raison de la complexité technique associée à la nécessité de durer, le management est nécessairement participatif, les capitaines étant responsables de la performance d'ensemble et du devenir collectif: quand l'avenir devient incertain, c'est vers eux que se tournent les regards: « il faut commander pour comprendre ce que c'est: le travail le plus accablant qui soit, et celui où vous êtes le plus seul… vous avancez à tâtons sur un étroit sentier de chance et de décisions justifiées qui serpente au milieu de ténèbres infinies d'erreurs possibles » lit-on dans « Mutinerie sur le Caine (5) ». Si pour le philosophe (6) « il y a trois sortes d'Hommes, les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer », le marin est un terrien façonné aux contraintes de la vie embarquée: « à bord, on n'a pas grand mal à être quelqu'un de bien, à terre c'est tout autre chose » écrivait le romancier Roger Vercel.

Si chaque monde a ses particularités, il est intéressant de les croiser et en approfondissant la métaphore maritime le management à terre pourra s'inspirer de quelques bonnes pratiques du bord en les adaptant, comme toujours, évidemment.
La mer

Ar mor divent (7) dit la chanson: près de trois quarts de la planète sont d'eau; la Terre est bleue. Cette eau est soumise aux attractions célestes et aux vents lui conférant une force immense faisant de la confrontation à la mer une lutte inégale dans l'instant et la durée : « si tu veux apprendre à prier, va sur la mer » dit l'adage. Domaine du mouvant et du risque, mère de l'assurance -initialement prêt à la grosse aventure- la mer exerce les caractères. La résignation y est dangereuse, il faut rester manœuvrant pour bien « prendre la lame ». Beaucoup plus dense et visqueuse que l'air, l'eau porte et transporte pour un coût modique mais à vitesse faible: toutes choses égales par ailleurs, doubler la masse transportée ne nécessite qu'un accroissement de puissance de soixante pour cent alors que doubler la vitesse la multiplie par huit (8); la mer est d'accord pour la grandeur mais résiste à l'urgence : il vaut mieux prévoir. Et la marée commande parfois les mouvements. Dans les profondeurs la lumière s'atténue, le son se propage rapidement avec quelques fantaisies liées à la température et la pression fait de leur exploration un exploit. Y voyant peu, l'écoute est recommandée. La salinité alliée au temps mène une œuvre de destruction lente et tout matériau n'ayant pas quelque caractère de noblesse -bois imputrescible, teck, gaïac, bronze, acier inoxydable- ne dure pas.

La mer est alors l'école de l'humilité, vertu de la connaissance des limites (9) invitant aussi à connaître les Autres, différents mais semblables: l'équipage. La mer considère le novice comme le capitaine: leur carrière durant Duguay-Trouin et Nelson furent malades, elle a un pouvoir égalisateur et juge selon le critère de Tabarly: « on sait ou on ne sait pas », elle est le domaine du vrai traduit en qualité par le « sea-proven ». Et jamais, lit-on dans Les hommes en mer (10), « l'homme n'a affronté la mer et à plus forte raison la haute mer sans de solides atouts techniques », outils de réduction du risque. Pour gérer les dérives au mépris desquelles la destination ne sera pas atteinte, la mer appelle méthode, en grec la recherche du chemin... La mer est vivante, son humeur est changeante, il faut s'adapter à elle, l'adaptabilité est l'essence du management - le moderne « agile » - car il n'est pas de situation statique, même au mouillage. L'adaptabilité est à la source de la qualité décisionnelle, permettant de s'approprier la situation qui, incomprise, s'accompagnera d'une décision inadaptée. Face à la mer, la prudence et la sagesse alimentent la confiance (11), sachant que l'insensé sera évité l'équipage se sent en sécurité: le courage du marin dépend de la prudence (12) du capitaine.

La mer appelle la créativité: c'est du besoin de protection contre la corrosion aqueuse que naquit le laiton amirauté (13). S'exerçant face à l'inédit, la créativité dégage l'horizon et signe le leader, le différenciant du gestionnaire: avec elle il embarque son équipage. La mer évade, exerçant la sensibilité:

« Emmène-moi voir la mer,
Fais-moi boire l'océan,
Emmène-moi dans les airs
Aime-moi dans le vent (14)»

« She said, I'm home on shore leave,
Though in truth we were at sea
So I took her by the looking glass
And forced her to agree
Saying, You must be the mermaid
Who took Neptune for a ride.
But she smiled at me so sadly
That my anger straightway died (15) »

La sensibilité permet d'acquérir tous les paramètres d'une situation dont les signaux faibles et quant aux Hommes elle permet de les deviner. Parce qu'ils se confient peu. La mer oblige à composer, avec les vents, les courants... et toute composition est créativité, donc liberté.

Homme libre, toujours tu chériras la mer !

Rapprochant les peuples que la géographie éloigne, la mer permet le commerce: « c'est des rapports entre nos semblables, autrement dit des échanges, que procède la civilisation ». (Ch. de Gaulle). Elle porte le progrès. Le vouloir est larguer les amarres puis naviguer, une entreprise. Pour découvrir de nouveaux paysages, il faut oser perdre de vue le rivage:
« Là-bas
Tout est neuf et tout est sauvage
Libre continent sans grillage
Ici, nos rêves sont étroits
C'est pour ça que j'irai là-bas
Là-bas...
N'y va pas
Y'a des tempêtes et des naufrages
Le feu, le diable et les mirages... »

La mer est le domaine du vrai et du changement, le management.
La navigation

En hommage à l'esprit de conquête et d'exploration des marins, Daumas sculpta le génie de la navigation: «posé sur sa plinthe qui figure une partie de la sphère, il se porte en avant : son bras gauche est levé, et du geste il convie les peuples à le suivre, il leur indique les régions lointaines qu'il faut explorer; la main droite, fortement contractée, s'est saisie du gouvernail qu'il doit diriger, le voile qui couvrait le monde flotte agité autour de lui (17)». Un entrepreneur sur « l'Océan bleu (18) ».

Naviguer est savoir où on est et où on va, de ces points se déduisent la route puis les caps, souvent confondus par les experts en louvoiements, n'atteignant pas toujours leur port. Rejoindre un port est choisir une route sûre et économique qui, face aux circonstances, appellera des changements de cap, pour y revenir car toute route a vocation à être suivie et son choix glorifie le capitaine ou lui jette l'opprobre s'il n'a pas su en changer à temps. La navigation maritime est avec l'astronomie nautique une science mathématique, spatiale; les triangles du marin sont sphériques. Naviguer est chercher les repères terrestres et célestes et quand ils disparaissent, estimer. Une pratique essentielle. Sur le navire, mobile, les repères défilent, il faut « naviguer sur l'avant » soit dit prévoir pour décider et agir à temps, la tergiversation rapproche de l'écueil. La navigation relève du sain doute: « Il vaut mieux ignorer où l'on est et savoir qu'on l'ignore, que de se croire avec confiance où l'on n'est pas » affirmait l'astronome Cassini. Si l'on peut maintenant, grâce aux centrales inertielles et satellites connaître instantanément sa position, pour atteindre celle de destination il faut être vigilant quant aux courants et dérives, prendre en compte les conditions météorologiques et manœuvrer pour laisser de bord les dangers. Si la mer invite à veiller, la navigation incite à observer et exerce les fondements du management; la prévision, la capacité à estimer les choses et les Hommes, la gestion du temps et cette faculté supérieure de l'esprit (19), le jugement auquel est toujours soumis un point pour devenir le point. La navigation conjugue l'espace et le temps. Même si les garde-temps sont maintenant électroniques (20), mesurer le temps est une nécessité, tout écart temporel devenant spatial. Savoir « où on est » est pressentir avec qui : une situation variant du simple point géographique au complexe dès qu'interviennent les Hommes. L'appréciation de la situation est un art, n'oubliant pas que l'Homme construit la réalité selon son Histoire. De l'intérêt de l'avis autre (21) et de l'intelligence collective d'un équipage, équipage que les navigateurs en solitaire disent avoir laissé à quai ! Il y a, selon la pionnière du management Mary Parker Follett, deux problèmes fondamentaux pour un dirigeant: définir correctement la situation dans sa globalité, trouver comment passer d'une situation à une autre. Une navigation, dont la première exigence est la préparation.
Le bateau

Apprenant que l'épaisseur d'un bateau faisait quatre doigts, Anarchasis y vit la distance séparant les passagers de la mort. La peur de la mer existant peu ou prou (22), mettre le pied à bord est « sauter le pas », effort sur soi et acte de foi : embarquer est adopter le mode de vie « extra-terrestre » de l'immensité mouvante. L'embarquement est une rupture, la suivante étant l'appareillage, perdant de vue la terre pour être livré à soi-même.



A bord les effectifs étant au strict nécessaire, chacun est important par son rôle. L'Homme embarqué ne se réduit pas à un emploi, il est jours et nuits dans une relation aux autres. Le navire a un nom, ses lignes et vit du baptême au cimetière. Quel marin n'a pas senti la vie reprendre à l'issue d'un carénage ? Il y a des difficultés à dissocier le navire de son équipage, le lien est quasi biologique: « vous avez maigri » dit l'auxiliaire féminine à l'enseigne de vaisseau Lockhart qui répond: « c'est depuis la perte du Compass Rose (23), quand on perd un navire c'est comme si on perdait un peu de soi-même (24) ». Par mauvaise mer « il souffre » dit le commandant dans « Le Crabe-Tambour ».

Le navire flotte, transporte l'équipage, ses objets et outils de travail. Flotter apparaît simple en application du principe d'Archimède et ne suscite a priori pas d'inquiétude. C'est sans compter sur la divine Fortune (25) distribuant ses biens et ses maux. Conserver la flottabilité s'obtient par le compartimentage mais encore faut-il flotter sans se retourner: c'est la stabilité, état d'équilibre et retour à cet état. Fonction des masses et des formes immergées, la stabilité est statique mais aussi dynamique, sujette aux perturbations des vagues et du vent. Stable le navire ne saurait être trop raide, devenant inconfortable, à l'architecte de trouver le meilleur compromis. Acquise pour l'état intact, la stabilité doit se conserver après avaries, évitant la perte de flottabilité puis l'engloutissement. Flottabilité et stabilité se conçoivent en termes de réserves, en avoir est une préoccupation de marin et de manager (26), nul ne sachant de quoi demain sera fait.
Mou ou ardent, le navire a son caractère. A l'angle de barre, il répond par un salut et mobilis in mobili sa manœuvre appelle les sens.
La manœuvre

La navigation, maîtrise de la position, est cinématique mais le navire ayant son caractère, le positionner appelle la prise en compte de ses inerties et des forces extérieures: la manœuvre est dynamique. Reposant sur la connaissance du navire pour anticiper ses réactions, composition des forces internes et extérieures, expression de l'intelligence, elle est adaptation à l'environnement; interviennent les sens, le « coup d'œil » et la « présence d'esprit (27) ». Sinon le risque croît: « une manœuvre réussie est une catastrophe évitée de justesse » disent avec humour les marins. La manœuvre est un art et nul ne s'y trompe, le capitaine y gagne ou perd du crédit: « vous avez entendu ? Six ! Six ordres, pas un de plus je les ai comptés » dit le chef machine à propos de la manœuvre du « pacha » dans le « Crabe-Tambour ». « Etre à la manœuvre » est agir, la difficulté étant dans la manœuvre d'ensemble, coordonnée, en équipage.
L'équipage

Si le philosophe a vu le marin comme un extra-terrestre, l'Homme reste un terrien, ses difficultés d'adaptation à la mer (28) le prouvent et le sac revenant toujours à terre, l'état de marin est peu ou prou second: « on ne va sur mer que contraint et forcé » écrivait Darwin lors de son tour du monde sur le Beagle et pour Vidal de la Blache (29) « ce sont les ressources nourricières de la mer qui ont été l'amorce par laquelle le terrien qu'est l'Homme a été attiré vers cet élément étranger auquel il s'est habitué, dont il est devenu l'hôte et pour ainsi dire le commensal ». Du plaisir au sport ou au travail, les motivations à « prendre la mer » sont diverses. Il y a loin du navigateur de course au large au mécanicien d'un ro-ro, du marin pêcheur au marin de commerce, du marin d'un supertanker au marin militaire. Employé à la conduite et l'entretien de son navire, le marin est d'abord l'Homme vivant longtemps à la mer. Il devient alors un peu différent, son caractère se formant dans ce mouvement entre ses vies à terre et sur l'eau, entre la vie d'équipage et un besoin d'intimité, entre la claustration et l'infini du large tous deux propices à la méditation, faisant souvent du marin un taiseux. Le marin est un Homme tiraillé, la mer étant toujours recommencée, il n'a de cesse que de chercher la meilleure route, économique et manœuvrable -souvent un compromis- et au milieu de l'océan il lui faudra se débrouiller (30). En équipage le maître-mot est « rôle (31) », fonction et relation à l'Autre, les principes managériaux étant la subsidiarité (32) et la confiance, « un élément majeur : sans elle, aucun projet n'aboutit (33) ».
Le rôle des capitaines est aussi de créer l'atmosphère de travail -la moderne Qualité de Vie au Travail- le moral étant contagieux. « La valeur d'un capitaine se mesure à la confiance que l'équipage met en lui (34) », le choisir est d'ordre dramatique. Y compris sur le long terme, sachant l'Homme parfois mimétique…
Gens de mer

La solidarité des gens de mer est connue. Nonobstant le naufrage, mot lourd de sens, elle vise aussi à ne laisser personne sur le quai dès lors qu'il souhaite embarquer en observant le règlement du bord. Afin de faciliter son intégration, le nouvel embarqué sera amateloté. Aide et transmission du savoir-faire, passeur de sens, l'amatelotage ou accompagnement est une pratique managériale (35) en tous points rentable.
Y arriver ensemble

La réputée Harvard Business Review (36) a posé la question « le management à la française serait-il dépassé ? » et on y lit que, « le chef de demain devra être légitime et doté de tellement de qualités paradoxales qu'il risque de devenir rare, voire introuvable ». Dans le domaine de l'innovation est préconisé de « naviguer et embarquer les autres » !
S'agissant d'embarquer les autres ce sont les capitaines autant que le navire qui « transportent »… Et si les outils changent -le prochain étant l'Intelligence Artificielle (37)- le management doit s'adapter, c'est d'ailleurs là son essence. Il est une praxis. Toute velléité de transposition serait incongrue mais explorant la métaphore les managers et conducteurs de sociétés pourront adopter quelques bonnes pratiques:
  • la préparation, impérative avant de « larguer les amarres » d'un projet,
  • l'importance du temps et de la prévoyance, « naviguer sur l'avant » disent les marins,
  • l'intérêt pour le vrai, les indicateurs étant insuffisants il est utile de « regarder dehors »,
  • le partage de la réalité, pour confronter les interprétations,
  • la conscience du mouvement relatif, les autres évoluant,
  • le bien-être de l'équipage, permettant de durer: le moral est un « KPI (38) » appréciable.

Bien qu'elles s'entrelacent, on pourra par confort distinguer sept activités essentielles pour (y) « arriver ensemble »:

  • Evaluer la situation, quantités et qualités, pré requis de l'engagement adapté,
  • Organiser: préparer et faciliter le travail, adaptant les moyens à la mission,
  • Communiquer: partager l'information pour comprendre la situation, la « saisir ensemble »,
  • Impliquer: permettre à chacun de jouer son meilleur rôle en pratiquant la subsidiarité,
  • Décider: des choses et les Hommes, soit dit les embarquer et les transporter…
  • Réaliser en se réalisant, rendant compte des évolutions pour s'adapter,
  • Durer: s'adapter en économisant les forces pour demeurer efficient.

« COMME À BORD » est une grammaire de l'action collective.

« Arriver ensemble » est une méthode d'acquisition de la performance durable.

CF (H) Maxime Flauw


1   En grec kubernesis, ayant aussi donné cybernétique, science du pilotage.
2   Organisation signifie aussi harmonie et instrument.
3   L’an 480, Salamine de Jean Baelen, Les belles lettres, 1961
4   Sujet intégralement traité dans l'ouvrage « Fureur et cruauté des capitaines en mer » sous la direction de Pierre Prétou et Denis Roland aux Presses Universitaires de Rennes.
5   Film américain traduit en français par « Ouragan sur le Caine ».
6   Attribué à Aristote. Le philosophe grec Anacharsis (VIe siècle avant JC) confronté à la question « lesquels sont les plus nombreux les vivants ou les morts ? » répondit « dans quelle catégorie ranges-tu ceux qui naviguent ? »
7   La fosse aux vents.
8   Approximation par la formule dite de l’amiral: Puissance propulsive = k.(déplacement à la puissance 2/3).(Vitesse au cube).
9   On pourrait y associer la conscience de la friction développée par Clausewitz évoquant « une mer inexplorée hérissée d'écueils... ce qui rend difficile tout ce qui paraît facile » (De la guerre, chapitre VII)
10   Jean-Louis Lenhof, Armand Colin.
11   Corvette avec laquelle Surcouf captura le Kent.
12   La prudence: vertu du risque et de la décision. (Cicéron. République VI,1 De la nature des dieux). Le courage du soldat dépend de la prudence du général (Publilius Syrus).
13   L'adjonction de 1% d’étain favorise la formation en service d'un film de protection d'oxyde stannique.
14   Boulevard des Airs.
15   A whiter shade of pale, versets supplémentaires, Procol Harum: https://www.youtube.com/watch?v=PYBqv3NIqho
16   Jean-Jacques Goldman.
17   La statue, érigée en 1847 face à la rade et montrant son postérieur à la mairie de la ville, est malicieusement appelée par les Toulonnais « cul-vers-ville », se référant à l'amiral Jules de Cuverville. (Notice de Ferdinand Denis).
18   « Océan bleu » est l'espace stratégique non exploité, où il faut aller, cf. « Stratégie Océan bleu, comment créer de nouveaux espaces stratégiques », W Chan Kim et Renée Mauborgne, édition française Pearson, 2015.
19   Avec la capacité de synthèse selon Clausewitz dans « De la guerre », chapitre III.
20   La connaissance de la longitude appelle celle de l'heure précise. Suite à erreurs de longitude, quatre navires anglais s'échouèrent 29 septembre 1707 sur les îles Scilly. Un prix fut créé pour stimuler les chercheurs dans la détermination d'un moyen de mesurer précisément le temps et fut emporté par l'horloger Harrison créant le premier chronomètre de précision. Le garde-temps faisait l'objet du soin particulier à bord, jusqu'à l'avènement du temps « électronique ».
21   Pour mémoire le management situationnel de Hersey et Blanchard consiste à prendre en compte la psychologie.
22   44% selon un sondage IFOP pour la SNSM en 2008.
23   « La mer cruelle » est un roman de Nicholas Monsarrat, publié en 1951 et ayant donné le film de C. Frend.
24   Beaucoup le ressentirent en voyant partir la Jeanne d'Arc dans le goulet de Brest, vers son ultime destination.
25   Dans la mythologie, la Fortuna est une divinité présidant aux aléas de la destinée humaine en distribuant biens et maux selon son caprice. Dans le vocabulaire marin, une fortune de mer est un évènement fortuit s'accompagnant de dommages.
26   Les organismes vivants se constituent des réserves pour pouvoir survivre. On y associe la notion de marge ou dans la marine « pied de pilote ».
27   Qualités aussi évoquées par Clausewitz, le « Coup d'œil » en français dans son texte, cf. supra.
28   Ou naupathie. Cf. « Petite histoire du mal de mer et de ses traitements », G. Le Moing, Marines Editions 2013.
29   Géographe français de renom, 1845-1918, Principes de géographie humaine, chapitre IV la mer. 1921.
30   Forme d'innovation dite « jugaad ».
31   Le registre des rôles est un document officiel sur lequel figurent les postes tenus en fonction des circonstances.
32   En latin qui forme la réserve (et ce qui diffère de la délégation).
33   Eric Tabarly Mémoires du large. Précisons ici que confiance et contrôle sont deux notions distinctes, la première n’excluant pas la seconde.
34   Jan de Hartog, le capitaine.
35   Elle figure au cœur des pratiques des Compagnons du Devoir.
36   N° hors-série 2016 « expert ».
37   Le vocable « apprentissage machine » est plus adapté.
38   Key Performance Indicator ou facteur clé de la performance.


« COMME À BORD » - SIRET: 841 507 072 00012 RCS Brest. APE 7022Z. http://www.commeabord.pro/


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