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Incroyable, mais vrai !
La grande fraternité des gens de mer…
Le 6 octobre dernier, à 4h du matin, un chalutier concarnois en route vers Douarnenez pour y débarquer le produit de sa pêche, heurte une roche et s’échoue. Fatigué par le dur labeur d'une marée de 3 semaines, le jeune matelot qui est à la barre s’est endormi pendant son quart. Réveillé en sursaut par le choc, le patron monte à la passerelle et bat fortement en arrière pour dégager son navire de sa fâcheuse position. Sa manœuvre est couronnée de succès et le bateau de pêche poursuit sa route vers son port de déchargement. Tout est mal qui finit bien !
L’affaire aurait pu en rester là. Ah, que nenni ! Courroucé par la somnolente attitude de son matelot, le patron entre dans une violente colère et après avoir battu en arrière, bat violemment le jeune barreur.
Furieux, il insulte son matelot et le roue de coups. Coups de poings et de pieds, au visage et sur tout le corps. Bilan de ce déchaînement : tympan perforé, contusions multiples et dépôt de plainte de l’agressé.
Qu’en conclure ? Au-delà de l’altercation lamentable et inadmissible, il faut prendre en compte le défaut de veille qui existe aussi sur certains navires de pêche, déficience qui n’a rien à envier à celle constatée sur de nombreux navires de commerce où, de nuit, l’officier de quart se retrouve seul à exercer la veille !
Rappelons le triste constat d’une étude Danoise qui affirme que plus de la moitié des navires marchands qui sillonnent les océans pratiquent le quart de nuit en solo, ce qui est interdit par les règlements internationaux, en l’occurrence STCW 95, n’en déplaise à certains esprits qui font une lecture différente et très spéciale du chapitre concerné, allant jusqu’à prétendre que STCW n’interdit pas le quart solitaire de nuit ! Si en plus les pêcheurs n’effectuent pas une veille attentive quand ils sont en transit, en attente de relever leurs casiers ou filets ou tout bonnement en pêche, la mer va se transformer très rapidement en une piste de bateaux tamponneurs !
A l’occasion des dernières fortunes de mer qui ont fait la Une des médias, causées par un défaut de veille manifeste, telles que les collisions, naufrages des chalutiers abordés, délits de fuite des navires de commerce abordeurs, échouements de bateaux ivres, etc., n’est-il pas temps pour l’AFCAN de réfléchir à ce grave et préoccupant problème et d’apporter sa pierre à l’édifice d’une meilleure sécurité ? Notre association doit en dénoncer les causes : effectifs insuffisants, facteur fatigue, pratiques illégales, et trouver les moyens de forcer les autorités nationales et internationales (OMI, EMSA) à intervenir par des contrôles plus nombreux s’attardant sur les décisions d’effectifs squelettiques trop souvent inadaptées en fonction de la navigation pratiquée et de la taille des navires.
Il y va de notre crédibilité de s’attaquer de ces problèmes de sécurité de la navigation pour éviter que notre renommée ne soit bafouée par des attaques tous azimuts contre les capitaines.
Cdt M.Bougeard
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