Lorsque j’étais au cours de Capitaine au Long Cours, on nous apprenait que le Capitaine, à bord, était le chef de l’entreprise maritime, le représentant de l’armateur et qu’il était chargé de la police et de la sécurité sur son navire.
Les récents événements de la SNCM posent maintenant la question : est-ce toujours vrai ? Il y quelques semaines, à la suite d’un mouvement revendicatif violent des équipages, des personnels étrangers au bord, obligeaient, sous la menace, Commandant et Officiers à quitter leur navire. L’un des Commandants, au moins, a déposé un rapport aux Affaires Maritimes, donnant même le nom de certains des agresseurs ; rien ne s’est passé….
Le Pascal Paoli a été mis en route sur Bastia, après qu’une poignée d’insurgés du STC ait obligé, là encore sous la menace, les Officiers à lancer les moteurs et à appareiller. Ces mêmes personnes après un simulacre d’arrestation étaient les interlocuteurs des Ministres dans les discussions sur l’avenir de la SNCM. Pourtant, toujours selon le droit maritime, ce détournement était un acte de piraterie caractérisé. Là encore rien ne s’est passé ; aucune réaction ni des Ministres, ni des Affaires Maritimes ni de la Direction de la Compagnie.
Enfin, il y a peu, le Commandant du Napoléon Bonaparte a été agressé sur la passerelle du navire par une quinzaine de personnes qui, après l’avoir insulté, l’ont obligé a quitter le bord sous la menace. La Compagnie a réagi ……… en remplaçant immédiatement le Commandant.
Que penser de toutes ces exactions restées sans suite ?
Tous ces gens : Politiques de tous bords, Représentants des Affaires Maritimes, Présidents de Compagnies de Navigation, Représentants des médias nous montrent par leur silence assourdissant que lorsqu’ils parlent tous, avec emphase, de la France, ETAT DE DROIT, ils oublient de signaler qu’il s’agit du DROIT DU PLUS FORT et que la menace et la violence sont les seuls arguments qu’ils écoutent.
Il me semble que le Monde Maritime, lorsque les esprits se seront calmés, devra se pencher sur ce problème du Capitaine et sur ses pouvoirs réels car il ne doit pas être à bord seulement pour être poursuivi en cas de pollution, accidentelle ou non, mais parce qu’il symbolise toute la structure de notre monde Maritime et qu’il doit être soutenu dans son action par son Armateur et les représentants des Affaires Maritimes.
Cdt P. BEAUFRERE