Je n'ai pu assister à cette journée, étant sur la route, puis en Board meeting avec mes collègues du bureau de CESMA.
Les intervenantes ont, pour les navigantes ou anciennes navigantes, raconté les difficultés qu'elles ont pu rencontrer lors de leurs embarquements.
Il semblerait que sous les pavillons européens, on rencontre plus de femmes, mais qu'en est-il des autres pavillons ? La femme médecin de la marine, française, a posé le problème des femmes enceintes et/ou souhaitant fonder une famille. Une autre intervenante, actuellement à terre en responsabilité dans une compagnie maritime a rappelé qu'il y avait un grand besoin d'officiers et de marins, que c'était un discours que l'on entendait dans les réunions et conférences comme celle-ci, mais que l'on n'entend pas dans les écoles. Que le problème de recrutement, principalement féminin, vient sans doute de cela. À noter que ETF et ECSA ont déposé une déclaration d'intention visant à améliorer la participation des femmes dans l'industrie maritime. |
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L'intervenant suivant, un armateur grec de navires vraquiers, est intervenu d'une part sur le type de navire et d'autre part, sur sa charte partie. Est-il intéressant de ne pas gagner en vitesse, voire de la diminuer pour consommer et rejeter moins de carbone à l'atmosphère. L'approche n'est pas forcément la même suivant que le navire est en charte partie au voyage ou à temps. L'intérêt n'est pas alors forcément le même pour l'armateur ou l'affréteur. On peut envisager un changement de combustible, mais le LNG, s'il rejette moins de SOx et de NOx est toujours plus générateurs de rejets de GHG, donc un gain sur les rejets à l'atmosphère quasi nul en la matière et difficile à prouver en cas de fuites. Que faire ? Jouer sur la construction des navires (ship design), diminuer leur puissance, faire du slow steaming. Sa conclusion : d'accord pour faire des efforts, mais il ne faut trop changer le modèle économique.
Remarque personnelle : le slow steaming pourrait devenir efficace sous certaines conditions, par exemple pourquoi continue-t-on à faire débuter les laycans à 00h01 lorsque l'on sait par avance que le pilote ne pourra venir qu'à l'aube vers 06h00, ce qui oblige le navire à arriver à 00h00 et à attendre au mouillage ou en dérive alors qu'une vitesse adaptée pour une arrivée à 06h00 permettrait une économie sur la consommation de carburant ? (exemple pris sur les chargements pétroliers sur la côte d'Afrique). |
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Avant les trois tables rondes reprenant pour chacune un des trois thèmes des jours précédents, il y eut des discours de personnalités, le secrétaire d'État aux Transports de la Croatie (actuellement à la tête de l'Union européenne), un membre du gouvernement fédéral allemand (l'Allemagne va succéder à la Croatie en juillet 2020 à la tête de l'Union européenne), le directeur général DG Move de la Commission européenne, le secrétaire général de l'OMI.Table ronde Shipping et environnement
Tous sont revenus sur le « green deal » européen et la baisse des émissions de carbone. Il faut faire de la recherche, la financer, y aller par étape. Mais le but de zéro émission en 2050 va arriver très vite et l'industrie maritime ne doit pas perdre de temps.
Dans la continuité des discours précédents, les intervenants, dont la plupart avaient déjà participé aux conférences du mercredi, ont répété les mêmes choses. Dans la nuit, personne n'avaient bien sûr trouvé de solutions au problème. Les parlementaires présents n'ont fait qu'appuyer sur les points sensibles. La conclusion générale est que c'est un problème global, qu'il faut donc prendre en globalité, la question de savoir d'où vont venir les fonds pour la recherche et le développement est restée, elle aussi, en suspend.Table ronde Trade and competitiveness
En résumé : la réglementation européenne et le « green deal » sont des avancées. La digitalisation est bonne pour la compétitivité, elle diminue le travail administratif (aussi sur les navires ?). Les challenges à venir sont tenables, à la condition que tout le monde travaille ensemble, administrations, armateurs, ports – « you need us as far we need you ».Table ronde Safe and social shipping
Outre des parlementaires européens, cette table ronde réunissait la directrice de l'Agence Européenne de Sécurité Maritime, la présidente de l'Université Maritime Mondiale, la présidente de Wista International, la secrétaire générale de ETF, un capitaine président de l'Association Européenne des Remorqueurs, la DRH de Stena Line.
STCW commence à dater, et il faudrait envisager une nouvelle révision/modernisation, axée notamment sur le digital, et la formation au digital, et ainsi que sur l'environnement (toujours le « green deal » européen). STCW est un minimum, et cela doit aussi être pris en compte pour les qualifications spéciales.
On a un peu parlé de sûreté, en mer, et de la coopération avec les flottes militaires, principalement pour se féliciter des résultats obtenus.
Enfin, il a été dit que les marins devraient vivre dans un environnement stable socialement (on ne parlait pas de l'état de la mer !), qu'il y a et qu'il y aurait de plus en plus besoin de marins de haute qualification. Et qu'il devenait nécessaire de savoir les retenir dans le milieu de l'industrie maritime.
Mais aussi que les problèmes pour trouver un embarquement, de qualité, étaient prégnants.![]()
Beaucoup de questions, des problèmes posés, mais peu ou pas de réponses. La Commission européenne doit elle tout réguler ? Ni sûr ni vraiment faisable. Le représentant de la Commission a terminé par ces mots : « we cannot regulate what we cannot understand, and we cannot understand what we cannot measure ».