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Enseignement supérieur maritime
Notre collègue Alain JEGU a assisté pour nous, le 31 Janvier 2008, à la Table ronde sur l'enseignement supérieur maritime et nous fait part de ses réflexions.
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Cette table ronde faisait suite à un Groupe de travail des ministres des Transports de l’UE du 5 décembre 2005.
Dans ses conclusions, le rapport de ce groupe de travail reconnaissait :
- que la diminution du nombre global des marins de l’UE actifs pourrait constituer une menace à long terme pour la préservation du savoir-faire européen tant à bord des navires que - par voie de conséquence - pour les industries maritimes européennes à terre.
- qu’une telle diminution du nombre de marins engagés dans les transports maritimes internationaux est imputable, dans une certaine mesure, à l’image globale des transports maritimes dans l’opinion publique.
- que la meilleure manière (pour le navigant) de se doter du savoir-faire nécessaire pour intégrer les sociétés exerçant leur activité à terre est d’acquérir une expérience solide à bord de navires de grandes qualités, ce qui pourrait être encouragé dans le cadre d’une planification de carrière à long terme.
- qu’une éducation et une formation appropriées constituent la base d’une telle carrière, tant en mer qu’à terre, et qu’un marin doté des qualifications pertinentes devrait trouver plus facilement un emploi stable, en particulier, s’il dispose de qualifications supérieures aux exigences de la Convention STCW.
Ce groupe de travail invitait les armateurs et armateurs-gérants de navire à mettre en place des partenariats à long terme avec les établissements de formation maritime de l’Espace Économique Européen notamment afin de permettre l’acquisition d’une expérience en mer, et à contribuer à faire en sorte qu’un nombre suffisants de postes soient proposés aux jeunes officiers des États membres, en particulier à ceux formés dans ces établissements.
Ces rappels permettent d’ « apprécier à leur juste valeur » les propositions faites le 31/01. Cela permet aussi de mieux situer le contexte. L’initiative de cette Table ronde n’est pas due au seul bon vouloir et à la volonté de Monsieur Bussereau de faire avancer le sujet. C’est une sorte d’obligation bruxelloise.
L’inspecteur Général de l’Enseignement maritime a dressé un tableau des formations existantes et de leurs « améliorations » prévues. De Cayeux, au nom de l’Acomm, a exposé les « intérêts » de l’application du système L,M,D à la Marine Marchande (je n’ai pas encore tout compris et je doute d’y arriver). Pour pouvoir intégrer ce système il faudrait que nos écoles soient habilités à délivrer des titre d’ingénieur (ce qui a été refusé en 1980) ou qu’elles soient adossées à une université technologique ce qui, indépendamment des réformes des référentiels pédagogiques déjà assez importantes, semble très compliqué sur le plan matériel.
Quant aux armateurs, tout en disant être satisfait des formations actuelles, ils ont exprimé le souhait de pouvoir orienter la 5ème année vers le pont ou la machine.
Pour résumer :
- on ne touche pas à la filière académique, mais il existe un argumentaire (rédigé par ou sous les directives d’Illionet (adjoint du DAM Aymeric) résumant les atouts et surtout les inconvénients de la polyvalence telle qu’elle existe à l’heure actuelle. Il est bien évident qu’on a surtout évoqué les inconvénients.
- on simplifie la filière machine en supprimant le niveau de Chef Méc de 15000 Kw et en ne conservant que les brevets de Chef 8000 Kw et Chef illimités.
- on ouvre à titre « expérimental et provisoire » au mois d’Octobre 2008 à l’ENMM de Marseille une formation de Chef de Quart Passerelle ouverte sur concours aux bacheliers. Cette formation durera 30 mois navigation comprise et elle est destinée officiellement à répondre rapidement aux besoins des armements français. En fait c’est la CMA-CGM qui a obtenu l’ouverture de cette formation en faisant du chantage juste avant Noël. Le matin l’IGEM nous parlait d’une classe de 30 candidats. Le soir, dans sa synthèse, Aymeric parlait, lui, de deux classes. Il n’a jamais été question de la suite de cette filière, mais Bedel m’a confirmé qu’il y avait bien une suite possible pour ces chefs de quart passerelle qui peuvent rejoindre la filière pont à priori au moins au niveau de Capitaine 3000, les temps de navigation n’étant pas encore fixés.
En apparence, il ne s’agit donc que de quelques aménagements pratiques. Mais si on y regarde de plus près, on s’aperçoit :
- qu’on est en train de ressusciter la filière CLC en la mettant au niveau de STCW. On nous dit que c’est expérimental et provisoire, mais si le provisoire dure ?
- qu’on facilite l’accès à Chef illimité en raccourcissant la filière qui reste aussi au niveau STCW.
Si tout ça devait se confirmer, il s’agit de la destruction pure et simple de la filière dite académique, car même avec les temps de navigation des filières B, il vaudra mieux emprunter ces filières que faire de la polyvalence avec la filière A. Tout semble en effet organisé pour qu’on revienne à des formations minimum STCW qui fourniraient plus rapidement qu’à l’heure actuelle les officiers voulus aux armateurs. Il est évident que le temps total des filières B pont et machine est rallongé pour préserver l’intérêt de la filière A. Si cette filière disparaît faute de combattants, on va pouvoir réduire encore les temps de navigations des filières B et s’aligner sur l’école d’Anvers par exemple.
En conclusion :
Cette table ronde n’a pas été convoquée à partir de bons sentiments, mais sur l’injonction de Bruxelles.
On cède sur tous les points aux armateurs en créant (ou en recréant) des filières adaptées à leurs besoins et en faisant disparaître très discrètement la filière polyvalente directe.
Les autres sujets de cette table ronde n’avaient apparemment pas beaucoup d’importance. Tout le monde a reconnu qu’il était très difficile d’attirer les jeunes vers les métiers de la mer et de les fidéliser. Seul le groupe Bourbon a reconnu que si on en était là, c’est que la faute en revenait essentiellement aux armateurs.
Pour ce qui est des Hydros, il semble qu’on s’achemine vers une seule organisation sur deux sites (Marseille est sûr, il reste à trouver le deuxième (Nantes semble tenir la corde mais Besselat (député du Havre et rapporteur du Budget de la Mer) fait le forcing pour Le Havre)). Le problème des profs d’hydro semble définitivement clos : ils seront remplacés par des navigants expérimentés qui auront le statut d’administrateur des Aff. Mar. dont les missions sont étendues à celle relatives à l’enseignement. Pour compléter, on ouvrira le corps enseignant à des praticiens des sciences de l’ingénieur et des matières générales issus de l’Education Nationale. Le corps des PTEM pourrait être mis en extinction, voire supprimé, les PTEM actuels intégrant un corps au statut analogue existant déjà au sein de l’Education Nationale.
Cdt Alain Jegu
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