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Journée européenne de la mer.

La Journée européenne de la mer est normalement fêtée autour du 20 mai chaque année. Du fait des restrictions successives de déplacement, c'est le 7 juillet dernier, qu'à l'occasion de sa Journée européenne de la mer, le Secrétariat général de la mer a invité des jeunes issus de divers horizons du monde maritime à débattre des initiatives européennes pour la préservation de l'environnement marin, le développement de l'économie bleue et la protection des droits sociaux des marins.
Malgré quelques soucis techniques, impactant les participants en visio (quasiment tout le monde), l'après-midi a été ouverte par Mme Charlina Vitcheva, directrice générale des Affaires maritimes et de la Pêche. Trois experts européens sont intervenus : Mme Sandrine Gaudin, Secrétaire générale des Affaires européennes, Mme Isabelle Viallon, représentant la DGMARE, et M. Théo Barbe, représentant la Représentation permanente de la France auprès de l'Union européenne, ainsi que des personnalités du monde maritime : Mr Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du Cluster maritime français, Mme Alvine Datchoua-Tirvaudey, représentant le Forum Youth4Ocean (financé par la Commission européenne), Mr Pierre Karleskind, député européen. Il était possible de poster des remarques sur le "tchat" associé à la liaison vidéo.

A la suite du "hackathon" de la mer, organisé par le SGMer en décembre 2020, celui-ci s'est naturellement tourné vers la jeunesse pour cette Journée européenne de la mer, et a demandé que ces jeunes ambassadeurs travaillent et échangent sur des axes de réflexions afin de les présenter lors de cette journée.

Trois axes de réflexions et les mesures et/ou propositions faites par les groupes de réflexion :
 
  1. Les défis environnementaux
  2. Les mesures ou propositions étaient présentées par un développeur d'un système de comptabilisation et de classification des macrodéchets fluviaux et marins en temps réel, d'un étudiant en politique environnementale et océanographique, d'une juriste en droit maritime et droit européen, admise au concours des administrateurs des affaires maritimes, d'un étudiant en master spécialisé de la chaîne logistique, d'un chargé de mission Sciences participatives et co-animateur de la plateforme Zéro déchet sauvage (association MerTerre). Les propositions amèneraient à mettre en place une véritable transition écologique et en s'appuyant sur les atouts de l'Union européenne.
    • L'attribution d'une partie des quotas de pêche sur des critères environnementaux et le rehaussement de la cible de gestion des ressources halieutiques en sortant du cadre trop faiblement protecteur qu'est le « rendement maximal durable ».
    • La réduction drastique de la pollution plastique, par la diminution de l'usage et de la production des plastiques, et la mise en place de systèmes de captage aux embouchures.
    • L'inclusion du transport maritime dans le système d'échange de quotas d'émission avec, en contrepartie, la réinjection des recettes ainsi générées dans la recherche pour financer la transition écologique de la filière.
    • Une réglementation ambitieuse dans les aires marines protégées, y compris via l'interdiction de l'exploitation minière dans ces zones.
    • La mise en place d'un éco-conditionnement des fonds européens pour ne financer que des projets verts.
    • L'électrification des ports européens pour permettre à tous les navires de se ravitailler.
    • Le développement d'une filière d'excellence en matière d'énergies marines renouvelables, en classant les champs éoliens en aires marines protégées pour concilier exigence de préservation de la biodiversité et lutte contre le changement climatique.
  3. Les défis économiques
  4. Les mesures ou propositions étaient présentées par une "business partner" au sein de Brittany Ferries, officier de marine de réserve et membre du comité marine et océan de l'Institut des Hautes études de la Défense nationale, d'un ingénieur chef de projet dans l'éolien en mer et bénévole chez Surfrider, d'une co-fondatrice de Sailing Hirondelle et bénévole pour Surfrider, d'un ingénieur spécialisé en halieutique.
    Les propositions soulignent l'importance d'une meilleure planification maritime, la sensibilisation des acteurs économiques en faveur d'un modèle décarboné, et la mise en œuvre d'un cadre plus favorable à l'innovation.
    • Assurer une meilleure planification maritime, le développement maritime implique de nombreux acteurs qui peinent parfois à communiquer et à décliner de façon harmonieuse les grandes orientations européennes, donc :
      • Favoriser leur cohésion à travers la définition d'une planification spatiale maritime détaillée
      • Instaurer un dialogue local et inter-échelle pour expliquer et faire redescendre le contenu des directives européennes, mais aussi pour que les acteurs locaux puissent faire remonter leurs propositions
      • Intégrer la gestion de la bande côtière et urbaine à cette planification
      • Harmoniser cette planification entre les différents pays.
    • Sensibiliser les acteurs économiques, accompagner la transition entre un modèle carboné et un modèle décarboné et permettre de traduire dans les faits les objectifs de réduction de gaz à effet de serre, donc :
      • Une notation de l'intensité carbone des bateaux sur laquelle serait indexée une taxe spécifique afin de financer des solutions de décarbonation
      • Une taxe écosystème ou biodiversité à l'entrée de l'espace maritime européen qui alimenterait un fonds pour la protection des aires marines protégées
    • • Favoriser l'innovation, accompagner le développement de navires plus économes sur le plan énergétique, créer un cadre réglementaire et fixer un cap clair à la recherche et à l'innovation, donc :
      • La modification du cadre réglementaire pour permettre l'expérimentation de nouveaux navires (foils, ailes de kite, nouvelles formes de navires)
      • La mise en place d'une route maritime européenne Rotterdam-Dubaï avec des infrastructures adaptées, un partage de connaissance et un encouragement à l'innovation
  5. Les défis sociaux
  6. Les mesures ou propositions étaient présentées par une étudiante en gestion des littoraux et des mers et membre fondatrice de Youth4Ocean et membre de Surfrider, d'une avocate en droit du travail maritime, d'un ingénieur hydrographe doctorant en informatique spécialisé en "machine learning" appliqué à la donnée hydrographique, d'une ex-membre de la SNSM actuellement matelote qualifiée dans la marine marchande.

    L'être humain doit être placé au cœur des enjeux de la mer. Face à des problématiques plurielles (dumping social, accompagnement dans la transition des métiers du maritime), les propositions reflètent une façon de faire de la mer un facteur d'unité sociale européenne.
    • La lutte contre le dumping social, la disparition progressive du personnel d'exécution français et la diminution des vocations maritimes, donc :
      • L'implémentation d'un pavillon européen, soit sous la forme d'un label «pavillon européen» qui viendrait s'ajouter au pavillon national, associé à des critères sociaux qualitatifs en contrepartie d'avantages européens, soit à travers un véritable pavillon
      • Des révisions plus fréquentes du salaire minimum international maritime français (SMIMF), actuellement inférieur au minimum mondialement recommandé
      • L'encadrement européen des entreprises de travail maritime pour les marins et la mise en place d'un dispositif de contrôle et de sanction de cette activité.
    • Accompagner les acteurs du littoral pour uniformiser l'information et la formation, donc :
      • Créer un standard européen de formation aux métiers de la mer pour pallier les faiblesses de la convention STCW, notamment pour les navires de faible tonnage, afin d'unifier les parcours professionnels et d'étendre les compétences des gens de mer à l'échelle européenne
      • Sensibiliser le grand public et les acteurs du littoral à travers des formations en ligne afin de démocratiser l'accès à la connaissance dans ce domaine au grand public
      • Faciliter l'information à travers un portail européen d'accès à la mer, porte d'entrée et complément de toutes les initiatives déjà existantes.
  7. La conclusion de Mr Karleskind, député européen, président de la Commission Pêche du Parlement européen :
  8. «Ces deux heures de réflexion ont montré à quel point l'Union européenne est un acteur qu'on souhaiterait être plus présent sur les sujets maritimes ! Tout ce qui se passe à terre finit en mer : face à ce constat, l'action est nécessaire pour changer les choses. L'objectif d'être climatiquement neutre en 2050, porté dans le Pacte vert, doit passer par un "green blue deal", à savoir un volet marin. Cela rejoint les propositions faites cet après-midi, je vous en remercie. En conclusion, j'aimerais une plus forte parole de jeunes marins, c'est quelque chose qui manque dans le débat politique européen. J'appelle de mes vœux que cette expression de la jeunesse puisse continuer et être portée au niveau européen.»

Remarque personnelle ayant, aussi bien que possible, assisté techniquement à cette après-midi.
C'est bien. Bien dit, mais peut-être, certainement, pas assez montré. Peu de gens dans la salle (mais la situation sanitaire l'explique), et relativement peu de monde en vidéo. Des propositions bien exprimées. Oui, mais des propositions faites et exprimées par des «marins de terre», aucun des jeunes invités à parler (et/ou à réfléchir ?), excepté une «matelote qualifiée dans la marine marchande», ne navigue. Les «divers horizons du maritime» représentent surtout la terre et les diverses associations environnementales. Pas un jeune officier, ou futur officier, de la marine marchande ne s'est exprimé. Pourquoi ? Les jeunes dans les ENSM ne se sentent-ils pas concernés, ou ne présentent-ils aucun intérêt ? On peut se poser la question.
Cdt Hubert Ardillon
Vice-président de l'AFCAN


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