Retour au menu
Retour au menu

La conduite du navire marchand
Facteurs humains dans une activité à risques


Notes de lecture par le Cdt Hubert Ardillon



         Ecrit par un collègue C1NM, devenu professeur d'hydro. Plus particulièrement chargé des cours / stages BRM et Simulateur passerelle.

       Ayant déjà participé à plusieurs stages BRM, j'y ai retrouvé une bonne part de ce qui s'y dit. Certainement en plus approfondi et en plus complet, il fait appel à des notions de psychologie, de sociologie, de physiologie.

       Le sommaire est assez chargé, et le livre s'attaque à des sujets variés, tels que la mémoire, la fatigue, l'erreur, la décision. Mais aussi la synergie passerelle, l'équipage multiculturel, la communication, les procédures, les situations d'urgence.

       Des thèmes traités qui peuvent aider un capitaine dans la tenue de son bord, mais aussi dans sa tenue à bord. Y compris un chapitre intéressant sur les règles de barre vues sous l'angle des facteurs humains.

       Au contraire d'un stage BRM pendant lequel il faut essayer de tout assimiler en trois jours, et il faut bien avouer que c'est dur et particulièrement indigeste surtout l'après-midi, alors que l'on est arrivé à un certain âge et une certaine fonction, de devoir écouter un orateur, l'avantage d'un tel livre est que l'on peut le lire voire l'étudier ou y réfléchir par chapitre ou partie de chapitre sans avoir à se sentir trop pressé d'en arriver au bout.

       J'ai pris plaisir à le découvrir. A mon rythme. Une chose importante et essentielle dans l'acquisition du savoir.

       A mon avis, ce livre devrait se retrouver dans ou sur les bureaux des capitaines, mais aussi et peut-être surtout dans ceux des « quality managers » et autre « DPA » des services armements.


Voici un extrait de la conclusion :

       Aujourd'hui, le capitaine, par le biais des méthodes très dures employées par l'administration, est remis au centre du dispositif et en position d'arbitrer – on pourrait dire forcé d'arbitrer – entre production et sécurité.
Il reste à imaginer, à l'échelle mondiale, des dispositifs de protection pour cet acteur qui, seul à avoir effectivement la capacité de décider en connaissance de cause, reste néanmoins valeur négligeable face à l'ampleur d'enjeux qui le sacrifieront sans état d'âme si le besoin s'en fait sentir. De même que l'immunité diplomatique permet, grâce à des accords internationaux, à un diplomate de discuter à armes égales avec l'état qui l'accueille, peut-être pourrait-on imaginer une forme de protection, par le biais d'une instance internationale, pour soustraire le capitaine aux punitions indues qu'il pourrait subir de la part de l'armateur ou de la part de l'état du port ou des côtes que son navire fréquente.
Le capitaine semble récupérer lentement ses prérogatives anciennes, qui lui avaient été octroyées à l'origine par l'armateur pour le mettre à même d'exercer son métier d'agent de protection des intérêts de celui-ci, et qui sont en passe de lui être rendues aujourd'hui par l'administration pour être à même d'exercer sa fonction d'agent de protection des intérêts extra-armatoriaux (environnement, etc.).
Mais pour le mettre à même de répondre à ce défi, outre les dispositifs de protection cités plus haut, il faudrait ajouter à sa formation technique une formation juridique de haut niveau et par-dessus tout lui rendre un statut qu'il a actuellement perdu, sans lequel il ne peut pas se sentir de taille à arbitrer entre des intérêts énormes divergeant parfois beaucoup. Ceci est d'ailleurs une demande forte exprimée par les armateurs historiques qui mesurent la nécessité d'avoir à bord un interlocuteur qui fasse le poids, y compris parfois contre tel ou tel de leurs propres services.
Redorer le blason du capitaine incombe aussi à l'enseignement maritime.
Mettre en face des futurs capitaines des équipes formées de professionnels de haut niveau, binômes d'anciens navigants de la marine marchande et d'universitaires, auxquels on donne les moyens de devenir les spécialistes d'une seule matière, intégrée verticalement depuis la théorie jusqu'à la pratique, capables de concilier enseignement pointu et réalité du métier, plutôt que le « jack of all trades but master of none » auquel l'enseignant du maritime est parfois réduit, par manque d'effectifs et de moyens.
Le livre fait partie de la collection de la Bibliothèque de l'Institut Français d'Aide à la Formation Professionnelle Maritime.
On peut se le procurer aux éditions INFOMER depuis le février 2010, à La Librairie de Marines/INFOMER, CS 46305, 35063 Rennes cedex, pour 57 €.


Retour au menu
Retour au menu