Le président de l'AFCAN avait été contacté par ETF (European Transport workers’ Federation) mais, embarqué à cette date, il a été remplacé par le soussigné qui a représenté l'AFCAN et CESMA lors de cette journée.
Le programme de la journée était : « Seafarers' Mental Health », vaste programme qui aurait mérité plus d'une journée.
Après quelques mots de bienvenue, Mr Livia Spera, secrétaire général de l'ETF, a laissé la parole au secrétaire général de l'ECSA (European Community Shipworkers’ Associations), Mr Sotiris Raptis.
Celui-ci déclare que la santé mentale des équipages est une question sérieuse, que travailler à bord d'un navire demande une excellente condition, physique bien sûr, mais aussi mentale et psychologique.
La santé mentale est un défi aux multiples dimensions. Il faut déterminer et comprendre les facteurs de risque, puis continuer à mettre en œuvre des outils efficaces pour soutenir le bien-être mental des gens de mer.
S'appuyer sur la coopération existante entre l'ECSA et l'ETF sur des sujets clés, tels que formation, compétences, numérisation, intimidation et harcèlement, est essentiel pour relever ces défis.
Pour l'ECSA, améliorer le bien-être des gens de mer à bord passe avant tout par la formation. Améliorer, encore et encore, la réponse de l'équipage devant un problème permet de travailler plus en confiance, donc d'améliorer la santé mentale du marin. Et pour améliorer la réponse de l'équipage, la seule voie connue est l'entrainement, aux tâches et aux situations.
Puis la représentante de la Commission européenne (Santé au Travail) a rappelé que le stress, la dépression, l'anxiété existaient avant la pandémie. Mais cette pandémie a exacerbé la situation. La Commission prépare actuellement une législation pour améliorer l'environnement à bord et donc la santé mentale des gens de mer, en prenant en compte différents facteurs tels que isolement, fatigue, harcèlement. Tous ces facteurs sont augmentés par la vie à bord et en mer.
Premier panel de discussion intitulé « Seafarers' mental health : identifying the problem »:
Le docteur Marcus Oldenburg – Center for psychosocial medicine, Hambourg - Allemagne, a parlé des facteurs de risques psychologiques qui affectent la santé mentale des gens de mer, entre autres plus de fatigue au travail car il y a surcharge, due à la diminution des équipages qui a entrainé aussi une augmentation de la sensation d'isolement.
Le docteur Rob Verbist, International maritime health association, Anvers - Belgique, note que malheureusement on ne regarde pas la santé mentale des gens de mer lors de leur visite de pré-embarquement. Bien sûr on peut ensuite faire un suivi par radio d'un problème psychique.
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Mais il faut aussi remarquer qu'il y a eu peu ou pas de possibilité de suivi médical dans les ports pendant la pandémie.
Le docteur David Lucas, médecin des gens de mer, Brest - France, a relevé que 20% des élèves ont déjà subi, et en ont donc été affectés, un événement traumatisant lors de leur premier embarquement. Ce qui sous-entend que ce type d'évènement survient assez fréquemment.
Pour M. Tim Springett, UK Chamber of shipping, la santé mentale des gens de mer évolue. Il n'y a jamais une cause unique dans la dégradation de la santé mentale du marin. Il y a plusieurs facteurs qui l'affectent. Et ces facteurs sont pour la plupart sous le contrôle de l'armateur ou du manager : conditions de vie, de contrat, de travail, d'isolement. Il n'y a pas toujours la volonté de la part de l'armateur de regarder, de s'investir. Il y a aussi d'autres facteurs : les conditions et particularités familiales du marin et son éloignement qui ne permet pas d'intervenir, même s'il existe des facilités d'accès à des services appropriés. De plus on est plus anxieux quand on peut regarder les nouvelles sur les médias. Cela a un impact qui a été très important pendant la pandémie.
Bien sûr on peut empêcher un suicide en améliorant la santé mentale. Mais il faut d'abord identifier les problèmes qui ont été vus par d'autres. Il ne faut pas « faire avec ».
Des questions à la fin de ce panel :
Quels ont été les risques psychosociaux, leurs effets et impacts causés par la pandémie sur les gens de mer ?
Qu'avons-nous appris de la crise sanitaire ?
Le Covid a eu un aspect négatif. Le plus important est la facilité des Etats à interdire relèves et sorties à terre en escale, suivie par l'incapacité de ces mêmes Etats à autoriser de nouveau les relèves et les sorties à terre lorsque la situation s'est améliorée.
La question est de savoir si les leçons ont été retenues, les gouvernants ont-ils appris ? La prochaine pandémie répondra.
Deuxième panel de discussion, intitulé « How to protect seafarers : best practices »
Le docteur Camille Jego, Coordinator of Crapem, Saint-Nazaire - France, est revenue sur la mise en place du Crapem, le sens de ce centre, à savoir mettre en place des outils de prévention en matière de suicide.
Madame Léa Scarpel, Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail, Paris – France, a parlé du soutien de l'association aux victimes, de la formation nécessaire dans les écoles, à tout niveau (élèves et professeurs), pour que ces situations disparaissent. La thématique de la violence faite aux femmes au travail est enfin prise en compte dans l'agenda des diverses commissions européennes concernées, ce qui prouve que cela devient enfin important.
Puis deux représentants d'armateurs sont intervenus. Ils ont exposé qu'ils étaient très concernés par le bien-être des marins qu'ils emploient.
(Note : ce dont on pouvait s'attendre, étant donné qu'ils intervenaient).
L'un d'eux a tout de même annoncé qu'il était envisagé de faire passer un entretien, ou des tests, psychologique avant l'embauche du marin (éventuellement avant son embarquement). Entretien qui déterminerait si le marin allait être employé et vers quel poste il serait plutôt orienté !
Questions à la suite des présentations :
Comment pouvons-nous protéger et soutenir la santé mentale des gens de mer ?
Comment pouvons-nous encourager les gens de mer concernés à demander de l'aide et du soutien et les mettre à l'aise pour accéder aux services de soutien en santé mentale ?
Réponse de Madame Jego. Il n'y a pas d'obligation à donner son identité, ce qui facilite la possibilité de raccrocher, puisque le rappel n'est pas possible. La psychologie des marins est particulière. A bord, chacun a un travail et une organisation spécifique. Un marin qui ne travaille pas, ou plus, se dit que son travail est laissé à un autre, d'où une difficulté d'approche et d'accroche au début de l'entretien.
Le Crapem étant un dispositif spécifique pour les marins, cela rassure.
Remarques de la DG Move
L'accès à internet illimité est une question importante pour les gens de mer et aussi pour les familles.
En ce qui concerne le problème des sorties à terre, on ne sait pas si c'est lié à la pandémie !
Enfin il faudrait réviser STCW pour y inclure une formation à la psychologie.
À ce sujet une personne du Lycée maritime de La Rochelle, France, est intervenue. Il faudrait inscrire des référentiels de formation, dans toutes les écoles maritimes, donc les généraliser. Les modalités pourraient évoluer suivant les fonctions exercées à bord, et prévoir bien sûr une formation continue sur le sujet.