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Exercice de secours à naufragés SECNAV 2004


Le 26 Octobre 2004 s'est déroulé à proximité de Sète l'exercice de secours à naufragés SECNAV 04. A cette occasion le navire roulier mixte "SCANDOLA" , de la Compagnie Méridionale de Navigation, avait été affrété par la Marine Nationale. Il avait effectué auparavant un exercice anti-terrorisme entre Marseille et Sète.

Le but de cet exercice était multiple:
  • valider les procédures du "LION PLAN"
  • mettre en oeuvre les moyens d'évacuation du navire
  • récupérer les naufragés dans les radeaux et embarcations de sauvetage par des moyens nautiques côtiers.
  • évacuer des blessés par des moyens aériens
  • déséchouer le navire et le remorquer
Nous avons appareillé de SETE le mardi 26 Octobre 2004 à 07H30, avec 153 jeunes gens de la préparation militaire marine (PMM) jouant le rôle de passagers, 23 journalistes, 3 observateurs de la SASEMAR (équivalent espagnol du CROSS), 1 observateur de la COMANAV, 2 Représentants des Affaires Maritimes (dont le Directeur de l'Exercice), 1 Inspecteur du Centre de Sécurité des Navires de Sète, et 40 membres d'équipage.
Mouillé l'ancre à 08H10 dans le 206 à 1,4' de l'extrémité Est de l'épi Dellon. Le Pilote est resté à bord pour toute la durée de l'exercice.

  1. EVACUATION DU PLASTRON


  08H20
08H21


08H23

08H23
08H26
08H28

08H29
08H30

08H33

08H35
08H36
08H40
08H43
09H07
09H10
09H22
09H25 à 09H30
09H35 à 09H45
09H40
09H50 à 10H02
10H10
10H10 à 10H15
10H15
10H23
10H27
10H28

10H29
10H48
10H50
10H57 à 11H03
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Déclenchement "pour exercice" du message sécurité, mode routine sur ASN canal 70.
Contact VHF avec CROSSMED canal 16 puis 73. Transmission du message PAN PAN. "pour exercice, pour exercice, navire échoué avec 153 passagers à bord et 40 membres d'équipage. 7 blessés parmi les passagers. Pas de voie d'eau détectée".
Déclenchement du signal d'alerte : sirène 2 coups longs + diffusion générale "pour exercice, pour exercice, ne concerne que l'équipage et les membres du plastron, exercice d'abandon".
Equipes matériel et passagers au complet. Passagers rassemblés au bar/salon.
Equipe de conduite au PC Machine. Equipe sécurité machine au complet.
Tous les passagers rassemblés au bar/salon. Ordre de les regrouper dans les deux zones de rassemblement : zone A et zone B.
Relevé du plan de sonde de l'ensemble du navire. Pas de voie d'eau.
Les deux zones de rassemblement sont au complet. Les 7 blessés sont regroupés dans la salle de jeux enfants avec l'infirmière. Equipe sécurité pont au complet.
Constatation : navire échoué droit, du couple 100 au couple 150. Transmission à CROSSMED pour exercice du message SOPEP de notification initiale (annexe N°1).
Les 7 blessés sont prêts à être hélitreuillés.
Les passagers et l'équipe passagers sont équipés de brassières. Descente de 55 passagers dans le garage.
Mise à l'eau du rescue-boat avec 2 membres d'équipage à bord.
Contact CROSSMED et transmission message de notification initiale. (DO 80 m3, FO 530m3, huile 25 m3, TE 4,50m.
Diffusion par l'OSC ARAGO (coordinateur sur zone) d'un message de situation.
Transfert des 7 blessés sur le pont.
Premier hélicoptère en présentation.
Dépose à bord, par hélico de la Sécurité Civile, d'un plongeur, d'un médecin et d'un assistant
Hélitreuillage par hélico DRAGON 34 (Sécurité Civile) d'une civière vide et d'un blessé en position assise.
Vidange en fictif du Peak AV.
Dépose à bord d'un plongeur et hélitreuillage de 3 blessés par hélico HELIMER MEDITERRANEO (Sasemar).
Hélitreuillage d'un blessé.
Mise à l'eau de l'embarcation Td N°5
Hélitreuillage d'un blessé.
Embarquement d'un patron et de deux brigadiers dans l'embarcation.
L'embarcation se présente à la porte de bordé
Diffusion de l'ordre d'évacuation du navire : 4 coups longs de sirène et diffusion générale : "pour exercice, pour exercice, ne concerne que les membres du plastron, appel aux postes d'abandon".
Début d'embarquement de 47 passagers.
Fin de l'embarquement des 47 passagers. L'embarcation s'écarte du navire.
L'embarcation fait route vers le port de SETE.
débarquement des 23 journalistes sur le remorqueur "LUBERON" via la porte de bordé.
    Compte tenu des conditions météo sur zone (houle de 1,5m, vent 25 nds établi), décision est prise avec le Directeur de l'Exercice d'évacuer le reste des passagers directement sur les vedettes présentes sur zone. Informé l'OSC ARAGO de cette décision.
  11H14 à 11H23

11H32 à 11H54
11H55 à 12H05
12H06 à 12H17
12H20 à 12H22
12H30 à 12H38
12H50

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évacuation de 40 passagers sur la vedette "Marius OLIVIERI" de la SNSM. La vedette fait route sur SETE pour revenir faire un deuxième voyage.
dépose à bord de l'équipe EEI (Equipe d'Evaluation Intervention) par hélico Super Frelon. Remontée de la rescue à bord.
transbordement de 15 passagers sur la vedette espagnole "SALVAMAR SIRIUS de PALAMOS".
transbordement de 20 passagers sur la vedette "SNS 242"
transbordement de 4 passagers sur la vedette PM101 "Demios".
transbordement de 20 passagers sur la SNS 062 "Marius OLIVIERI".
Tous les passagers du plastron ont évacué le navire.
Arrivée des derniers passagers à quai à SETE (Marius OLIVIERI).
    Fin des opérations. Reprise à 14H00 pour phase de déséchouement.

  1. DESECHOUEMENT / REMORQUAGE


  14H12
14H21

14H30
14H36
14H40
14H36 à 15H30

15H43
15H55
16H00
16H55

17H00
17H45
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Machine parée à manoeuvrer
Déséchouement effectué par le "MEROU" à l'aide de deux aussières du bord passées en patte d'oie par les deux chaumards latéraux. Travail effectué par l'équipe de l'EEI
Remorque larguée
Dérapé.
Contact avec cellule de crise pour autorisation remorquage par le "MEROU".
Navire considéré sans énergie. Dérive au SW d'environ 2 nds, par vent de NW 25 nds. 2 essais infructueux de prise de remorque par l'avant à l'aide d'un va-et-vient.
3ème essai avec l'aide d'un membre de l'équipage du "MEROU" transféré à bord.
Le va-et-vient est maillé, mais la remorque file à l'eau et s'engage dans les hélices du "MEROU".
Arrêt des opérations décidé par le Cdt de l'EEI.
Récupération de l'embarcation Td N°5 sur rade.
FIN DE L'EXERCICE (FINEX) décidé par le Directeur de l'Exercice.
Mis en route en direction du port de SETE, sur les conseils du Pilote.
TPLM. Amarré Td à quai au poste G3.

  1. CONCLUSION


  2. Le point le plus positif est le fait que nous ayons effectivement évacué nos 153 passagers en un peu moins de 4 heures. Ceci peut paraître long, mais il faut considérer le fait qu'il a fallu faire intervenir un grand nombre de vedettes et d'hélicoptères, qu'il a fallu entre temps embarquer l'équipe de l'EEI (12 personnes + le matériel), et évacuer nos 23 journalistes.
    L'organisation de l'évacuation à bord s'est bien déroulée, l'équipage , et notamment le Service Hôtel, jouant pleinement son rôle.

    La présence des 23 journalistes, dont il a bien fallu s'occuper à bord (y compris leur fournir le petit déjeuner), et dont l'évacuation n'a pas été simple, n'a certes pas facilité les choses.
  Le comptage des passagers évacués n'a pas été facile. Il faut absolument compter les passagers un par un avant de les envoyer sur la zone d'évacuation (ici la porte de bordé, dans la réalité les embarcations). Une fois sur place, il est très difficile d'y arriver.
Une source de confusion a été le fait que le Responsable du Plastron a tenu fort justement à faire ses groupes à l'avance, chaque groupe devant avoir un ou deux accompagnateurs. Il faut se rappeler que le plastron était constitué de jeunes (mineurs pour une bonne part), provenant de différentes régions. De plus les deux personnes de l'encadrement ont tenu à partir avec eux, ainsi qu'une infirmière.
A signaler un problème important : la gestion simultanée d'un exercice et d'une situation réelle. Compte tenu de la météo sur zone, l'évacuation réelle de nos passagers demandait une concentration totale.
Avec à mes côtés le Directeur de l'Exercice et son Adjoint, il m'appartenait de veiller à ce que cette évacuation se déroule dans les meilleures conditions. Nous n'étions pas à l'abri d'un accident, qui aurait nécessité la mise en oeuvre rapide de secours. Un certain nombre de décisions ont été prises au fur et à mesure du déroulement de l'exercice, en accord avec le Directeur de l'Exercice embarqué : la poursuite de l'évacuation des passagers par les vedettes par exemple. Il avait été envisagé dans un premier temps de tout arrêter.
Il m'était donc difficile de répondre à un certain nombre de sollicitations, y compris en provenance de la cellule de crise CMN, qui relevaient véritablement de l'exercice.
L'arrivée de l'EEI en pleine évacuation des passagers a été assez perturbante. Le Commandant de cette équipe s'est présenté à moi comme le représentant du Préfet, et a voulu tout de suite prendre les choses en main, compte tenu du danger que représentait le navire pour l'environnement. J'ai du lui demander de rester à l'écart, le temps de finir l'évacuation. Il a fini par l'accepter, mais cela a généré une certaine tension entre nous , jusqu'à ce que nous prenions le temps de clarifier notre rôle respectif : à moi la direction de l'évacuation et à lui celle du déséchouement et du remorquage.
 
    Pour un prochain exercice, je crois qu'il faudra absolument respecter ce qui avait été décidé au départ, à savoir la réalisation de chaque phase l'une après l'autre. Cela me paraît essentiel pour garantir le déroulement des opérations en toute sécurité.

    Quelles leçons à tirer ?

    Sur le plan de la coordination des secours, je n'en ai eu qu'un aperçu, mais je pense que c'est un succès. Pour ma part, après la phase d'alerte, j'ai eu comme interlocuteur unique l'OSC ARAGO. C'est lui qui se chargeait des communications vers CROSSMED, les embarcations ou les hélicoptères. Je crois que cela démontre l'intérêt d'avoir le plus vite possible un OSC sur zone.

    Le rôle de l'EEI (Equipe d'Evaluation Intervention) doit être à mon avis mieux défini.
Au cours du "debriefing" qui a suivi l'exercice, il a bien été précisé par le Préfet Maritime qu'elle ne prenait pas la Direction des opérations, celle-ci restant de la responsabilité du Capitaine tant qu'une mise en demeure formelle n'avait pas été adressée à la Compagnie.
Le Commandant de l'EEI est le représentant du Préfet, son rôle est de lui fournir information et diagnostic et non de se substituer à l'Etat Major du navire.
Il semble que l'EEI au cours de l'exercice se soit comportée comme si l'équipage du navire n'était plus opérationnel (ce qui doit quelques fois arriver). Il a fallu se partager les rôles pour les prises de remorques, et je ne suis pas sûr que la présence de deux équipes aux habitudes de travail très différentes ait facilité les choses. C'est à mon avis l'une des raisons de l'échec de la prise de remorque à l'avant.
    Une autre cause est peut-être la volonté de suivre à tout prix une procédure. Le système de va-et-vient dont dispose le MEROU est certes intéressant, mais mal connu de nos équipages. Voyant les difficultés que cela posait, on aurait pu passer la remorque en utilisant des moyens plus simples, par exemple en lançant tout simplement une deuxième touline depuis le bord.

    Il faut souligner la difficulté de faire travailler ensemble des intervenants aux habitudes très différentes. Tous les membres de l'EEI sont de la Marine Nationale. Il serait peut-être bon de lui adjoindre quelqu'un qui "fonctionne" comme nous, qui "parle" comme nous, bref qui a la même culture que nous. Cette personne pourrait être un Pilote. Celui de SETE était présent , mais n'étant pas véritablement intégré à l'EEI, il n'est pratiquement pas intervenu dans le déroulement de l'exercice. Je pense que c'est dommage car les relations avec lui auraient été beaucoup plus simples. Il a ici joué un rôle d'observateur, aussi je pense que son avis devrait être sollicité sur cette question.

    Notre équipage a montré son savoir-faire, et que l'on pouvait compter sur lui dans des circonstances difficiles. Cela est rassurant, et ne peut que nous encourager à poursuivre nos efforts d'entraînement et de formation.
    Le Préfet Maritime a tenu à venir le féliciter directement à bord dès l'accostage du navire à Sète.

    Les jeunes gens constituant le plastron méritent également une mention particulière pour leur motivation et leur excellente participation. Les quelques jours passés à bord dans des conditions difficiles, mais avec le sentiment d'avoir participé à une mission hors du commun au service de l'intérêt général les aura sans doute fortement marqués.

    Au niveau de la Compagnie, un certain nombre d'enseignements ont été tirés, et des mesures concrètes d'amélioration ont été mises en oeuvre.

Cdt Marc PREBOT
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