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Limiter les risques de collisions
entre navires de commerce et grands cétacés



Collisions avec les cétacés

       En tant que capitaine, j'ai subi deux collisions en 1998, à bord du Monte Cinto en juin et à bord du NGV Asco au mois d'août, cette dernière collision provoquant une entrée d'eau dans le local propulseur.

Depuis, diverses collaborations scientifiques et la participation aux différents groupes de travail du Sanctuaire pour les mammifères marins en Méditerranée PELAGOS (accord tripartite entre la France, l'Italie et Monaco ) ont permis, avec l'association Souffleurs d'Écume, un programme de diminution des risques de collision en Méditerranée. Ce programme comprend :
  • des travaux de recherche appliquée (mise en place d'un protocole de veille spécifique)
  • des formations annuelles pour les professionnels (exemple en France à l'École Nationale de la Marine Marchande de Marseille, session d'une journée : Navigation commerciale et cétacés - Quels enjeux, comment améliorer les relations).
  • le développement d'outils technologiques à l'usage des compagnies de navigation tel que REPCET décrit dans cet article avec le partenaire industriel Chrisar Software Technologies.
Appel à témoignage
       Parallèlement, nous tenons à jour une base de données sur les collisions avec des données datant de 1958. Nous faisons appel à tous, capitaines en activité ou retraités, autres lecteurs de la revue pour nous rapporter tout incident passé mettant en cause un navire ou un cétacé. Toute information sera intéressante telles que date, heure, lieu, navire impliqué, espèce, document (journal de bord, rapport mensuel) ou photographie. Merci de faire suivre toute information à ce sujet à :
Cdt Frédéric Capoulade
[email protected]
tel : 0494 694 493 - mob : 0661 812 200


Présentation générale du système REPCET

(Système de REPérage en temps réel des CETacés)
 

RÉSUMÉ

       Les collisions entre navires de commerce et grands cétacés portent atteinte à plusieurs populations de baleines et à la sécurité de certains navires. Communautés scientifiques et compagnies de navigation s'inquiètent de ces accidents en plusieurs endroits du monde (Méditerranée, Atlantique nord, îles Canaries et Japon en particulier).

       Face à cette problématique, des chercheurs, des ingénieurs et des représentants de sociétés de transport maritime se sont unis pour développer un système novateur. REPCET est un système informatique collaboratif basé sur la densité du maillage créé par la navigation.
 
       Grâce à un réseau informatisé, REPCET doit permettre aux navires marchands de connaître en temps réel les positions de baleines dernièrement vues sur leurs routes de navigation, afin de limiter les risques de collisions.

CONTEXTE

       Depuis l'avènement de la navigation, la couche superficielle des mers et des océans n'est plus à l'usage exclusif des animaux marins. Si des navires peuvent entrer en collision dans cet espace, il arrive aussi que l'un d'eux percute un cétacé. Loin d'être rares, ces collisions se rencontrent dans toutes les mers du globe et se concluent généralement par la mort de l'animal heurté. Plusieurs populations de baleines à travers le monde sont ainsi connues pour être gravement menacées par la recrudescence de ces accidents. En certaines circonstances, les compagnies de navigation et les passagers font, eux aussi, les frais de tels accidents. L'un des cas les plus dramatiques a été recensé en février 1992 aux îles Canaries où l'un des passagers d'un jet-foil a été mortellement blessé suite à la violence d'un « crash stop » pour tenter d'éviter une collision avec un cachalot. L'atteinte aux personnes est restée marginale jusqu'à une période récente (2004 à 2007) où une série d'une quinzaine de collisions impliquant plusieurs espèces ont engendré de graves blessures, dont une mortelle, pour plusieurs dizaines de passagers des jet-foils navigant dans les eaux japonaises.

       En Méditerranée, plusieurs exemples de collisions avec des grands cétacés sont connus pour avoir endommagé ou détruit les appendices de stabilisation des navires impliqués avec, souvent, des voies d'eau et de très lourdes et onéreuses réparations. Sur le plan écologique, il a été démontré que 20% des baleines retrouvées mortes ont été tuées par des collisions dans le bassin occidental.

       En 2001, la France, l'Italie et Monaco ont signé l'accord relatif à la création du Sanctuaire Pelagos, une zone de protection des mammifères marins situé entre Corse et continent. L'un des engagements des trois pays est de favoriser l'émergence de systèmes visant à limiter les collisions, en concertation avec les représentants des compagnies de navigation. Imaginé et développé dans ce cadre, le système REPCET est déployé et testé sur la zone de Pelagos dans un premier temps. A terme il est envisager d'essaimer le dispositif partout où les collisions représentent une problématique reconnue (Atlantique nord, Japon, Îles Canaries, …).

PRINCIPE DE BASE

Schéma global de fonctionnement
       L'outil REPCET est un système logiciel dédié à la navigation commerciale. Il vise, prioritairement, à limiter les risques de collisions entre les grands cétacés et les navires de commerce.

       Le principe est simple et se base sur les éléments suivants : chaque observation de grand cétacé réalisée par le personnel de quart depuis un navire utilisateur de REPCET est transmise en temps quasi-réel par satellite à un serveur situé à terre. Le serveur centralise les données et diffuse des alertes aux navires équipés et susceptibles d'être concernés par un signalement. Les alertes sont alors cartographiées à bord sur un écran dédié.

       La nature collaborative du système repose sur la densité du trafic maritime. D'autres contributeurs volontaires peuvent également participer au dispositif en signalant les cétacés observés, notamment les scientifiques en mer, les opérateurs de whale-watching ou encore la grande plaisance.
Saisie d'une observation
       La considération du travail des personnels de quart en passerelle est l'une des clés de l'efficacité du système. C'est pourquoi une attention toute particulière est apportée à l'ergonomie des interfaces utilisateurs, notamment pour faciliter le signalement des cétacés observés.

       L'interface de saisie (ci-contre) permet ainsi, avec une rapidité optimisée, de fournir une observation au système, automatiquement associée à une série de données essentielles (nom et position du navire, distance et gisement de l'animal, espèce et nombre d'individus, …). Une mire de positionnement relatif a été spécialement conçue à cet effet.
Présentation des alertes
       L'interface de cartographie a pour but de présenter les alertes diffusées par le serveur (cf. illustration ci-dessous) permet de visualiser les alertes sur un fond de carte et de zoomer / déplacer la carte simplement. Une signalétique intuitive permet de repérer rapidement les dangers, d'en connaître la nature pour, par exemple, d'adapter la veille en passerelle.
 




       Des informations détaillées sur les alertes peuvent être visualisées à la demande (origine, heure, espèce et nombre d'individus).
Représentation de la zone de risque
       Au-delà du positionnement des observations de baleines, le système calcule et représente des zones de risque (ci-contre). Ces aires circulaires et dynamiques correspondent au risque de rencontrer l'animal détecté initialement. La représentation permet d'appréhender intuitivement le niveau de risque pour la traversée d'une zone cartographiée.

       Des alarmes paramétrables permettent à l'équipage d'anticiper les situations présentant un risque de rencontre, leur évitant ainsi la nécessité d'une veille continue de l'écran cartographique. Lorsque la zone de risque disparaît du fait de son obsolescence, la position de l'observation initiale persiste pendant 24 h, mais avec une signalétique identifiable. Cette représentation permet de faire apparaître des secteurs potentiellement dangereux du fait de l'abondance des cétacés récemment observés.
 

FONCTIONS COMPLÉMENTAIRES DISPONIBLES

Intégration de modèles de prévision de la distribution des cétacés
       Les cétacés ne se distribuent pas de manière aléatoire dans leurs habitats. Leur présence est liée à l'abondance de nourriture, elle même conditionnée par les paramètres physico-chimiques et biologiques de l'espace-temps. Sur cette base, des modèles statistiques permettent de prévoir les zones de présence des cétacés en fonction des données environnementales fournies par satellite, telles que la température, la courantologie, la salinité, ou encore la chlorophylle.

Signalement et représentation des objets flottants dangereux (AVURNAV)
       Une collaboration est engagée avec le CROSSMED dans l'objectif d'utiliser REPCET comme un vecteur complémentaire de diffusion des AVURNAV. Les avis émis par le CROSSMED sont systématiquement transmis au système REPCET qui permet leur représentation cartographiée à bord. Par ailleurs, le système offre la possibilité de signaler des objets dangereux au CROSS et entre navires abonnés, avec la même efficacité ergonomique présentée plus haut pour les baleines.        Une collaboration en cours avec le CNRS permet d'intégrer un premier modèle de distribution des cétacés au système REPCET. L'interface est ainsi capable de représenter les zones à fort risque de présence de baleines. Cette approche expérimentale sera complétée et améliorée au fil des futures versions du système.
Contribution à la recherche
       Au cours de son utilisation, le système enregistre à terre les positions de cétacés transmises par les navires abonnés et les associe automatiquement à une série de données météorologiques. La base de données ainsi constituée est mise à disposition de la communauté scientifique avec un objectif de boucle vertueuse : faire progresser nos connaissances sur les cétacés pour permettre, à terme, d'améliorer l'efficacité et la précision du système REPCET.

       L'utilisation de REPCET s'inscrit donc à double titre dans la politique de responsabilité écologique des compagnies maritimes : préserver les populations de grands cétacés face au risque de collision et contribuer à la recherche sur ces animaux.

ÉVOLUTION PRÉVUE

Intégration de capteurs et automatisation des détections
       REPCET constitue un socle technologique évolutif. Alimenté, dans sa première version, par des détections visuelles, il est conçu pour intégrer tous types de capteurs (détecteur infrarouge embarqué, acoustique passive en mer, etc.).

       Ainsi, dans de futures versions, le système pourra traiter automatiquement les positions de grands cétacés détectés par ces capteurs et ainsi optimiser l'efficacité du dispositif, notamment de nuit.
Intégration ECDIS
       Une démarche a été amorcée pour permettre le report par REPCET des alertes sur la cartographie électronique du navire (ECDIS) dans les futures versions de REPCET.
Interface « Aire Marine »
       Une interface web est envisagée à l'attention des gestionnaires des aires marines protégées concernées par le développement du système. L'interface devra permettre, d'une part, de suivre en temps réel les observations de grands cétacés faites en mer et, d'autre part, de naviguer à travers l'historique des observations pour présenter des cartes datées de distribution des animaux. L'objectif est double :
  1. fournir un outil d'appui logistique pour la recherche au sein de l'aire marine (exploitation des données temps réel),
  2. fournir un outil de monitoring des baleines vues par les navires abonnés (exploitation de l'historique cartographique).

PARTENAIRES

Inventeurs du système
Coordinateur industriel
Experts scientifiques et opérationnels
Partenaires logistiques
Appui moral et financier
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Cdt Frédéric Capoulade et Pascal Mayol, Association Souffleurs d'Écume
Patrick Mugnier, Chrisar Software Technologies
Armateurs de France, Météo France, CNRS LOPB CEBEC, EPHE, Tethys Research Institute (Italie)
La Méridionale, SNCM, France Telecom Marine, Act for Nature, Fondation Antinea, WWF
Pôle Mer PACA, Accord Accobams, Sanctuaire PELAGOS, Fondation Nicolas Hulot, Fondation Ensemble, Fondation Nature et Découvertes

CONTACTS

Aspects écologiques : Pascal MAYOL - Souffleurs d'Écume +33(0)494 694 493 - [email protected]
Aspects industriels : Patrick MUGNIER - Chrisar Software Technologie +33(0)494 256 946 - [email protected]
Plus d'infos sur www.souffleursdecume.com
Cdt Frédéric Capoulade




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