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Point de situation sur la piraterie dans le golfe de Guinée en 2021.
 



Nous l'avons maintes fois évoqué dans cette revue : la situation dans le golfe de Guinée ne s'améliore pas. Les attaques sont plus nombreuses, plus violentes, le nombre de marins enlevés est en augmentation, l'an dernier il y a eu des morts. Pour la première fois (à ma connaissance) une citadelle a été investie prouvant s'il en était besoin la détermination des pirates.

Je profite de ma présence sur place pour faire un point sur la situation. Voici la carte de la zone sur laquelle nous reportons toutes les attaques dont nous sommes informés (par Inmarsat, message de détresse ou rapport du MICA center). La carte ne montre que les attaques répertoriées ces 12 derniers mois. Le pointillé fin rouge montre la High risk area telle que définie par le JWC (Joint War Comittee). On peut noter que cette zone a été largement agrandie au Sud en 2020, englobant maintenant Sao-Tomé et Principe.



En pointillé bleu est représenté la ZEE du Nigeria. Dans cette zone il est possible de faire appel à une escorte armée. Si l'on zoome sur cette zone on observe que les attaques se concentrent autour de cette frontière ce qui signifie que la ZEE nigérienne a été en grande partie sécurisée et que les pirates sont obligés d'aller attaquer plus loin en mer.



Il semble donc possible de sécuriser une zone si l'on s'en donne les moyens. En mettant en place des patrouilles militaires effectives et nombreuses autour de la ZEE nigérienne ou en permettant des escortes hors de la ZEE, on peut raisonnablement espérer agrandir cette zone et que finalement, on se trouvera hors de porté pirates nigérians et que les navires pourront enfin transiter sans risque.

Je ne peux pas terminer ce point sur la situation sans évoquer cette étrangeté qu'est la définition des zones « High Risk Area » par l'IBF (zone dans lesquelles les équipages touchent une prime journalière égale à leur salaire de base). Cette zone pour le golfe de Guinée se limite aux eaux territoriales (12 milles nautiques) du Bénin et du Nigeria. Zone dans laquelle le risque d'attaque est minime vu la présence renforcée des marines de guerre locales. Un équipage qui reste au mouillage dans cette zone patrouillée par la marine locale touchera donc une prime alors qu'un équipage qui transite pour aller de Lomé à Malabo n'en touchera pas, bien qu'il traverse toute la zone où se concentrent les attaques. Il est assez compliqué pour le capitaine d'expliquer à l'équipage la raison de ces primes déconnectées du risque réel.

Cdt Pierre Blanchard
Président de l'AFCAN
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