Pendant longtemps, les transports maritimes ont été dominés par les États développés, par des armateurs plus entrepreneurs que financiers, par des flottes nationales embarquant des ressortissants nationaux. Compte tenu des intérêts publics, de défense nationale et de commerce extérieur, l'État soutenait ses armateurs, son pavillon, ses marins. Si l'obligation armatoriale de rapatriement des marins a une longue histoire, son effectivité était devenue depuis longtemps indiscutable. L'armateur classique restait fidèle à ses équipages dans les difficultés. La convention n°23 de l'OIT de 1926 prévoit une telle obligation, mais, entrée en vigueur le 16 avril 1928, elle doit être ratifiée par les États d'immatriculation des navires pour créer des obligations aux armateurs. Elle est silencieuse sur la défaillance tant de l'armateur que de l'État du pavillon, se contentant de renvoyer vers les dispositions de la législation nationale ou vers les clauses contractuelles. Cette convention n'a fait l'objet que de 45 ratifications. |
L'abandon est défini comme une situation caractérisée par la rupture des liens
entre le propriétaire du navire et le marin. Il y a abandon lorsque le propriétaire du navire manque à certaines
obligations fondamentales envers le marin concernant son rapatriement rapide et le paiement de la rémunération
due, la fourniture des produits de première nécessité, notamment une nourriture, un logement et des soins
médicaux appropriés. Il y aura abandon lorsque le capitaine du navire sera laissé sans moyens financiers pour
l'exploitation du navire. La couverture des frais de rapatriement et de subsistance, en cas d'abandon, le paiement de la rémunération font partie des droits contractuels et/ou statutaires des gens de mer et ne sont pas affectés par le fait que le propriétaire du navire manque à ses obligations ou est dans l'incapacité de les assumer. Les propriétaires de navires devraient prendre les dispositions voulues pour mettre en place un système de garantie financière, assurant le paiement des créances salariales et le rapatriement des gens de mer. Ils devraient afficher à bord les coordonnées des personnes ou de l'entité responsable du traitement des créances concernées. |
L'abandon des marins découle de la défaillance des exploitants commerciaux du navire.
Personne ne souhaite intervenir rapidement à leur place, faute de toute garantie de recouvrement des sommes versées. Dès
lors, l'attente dure, les chances de paiement s'étiolent. La situation sanitaire, alimentaire, psychologique de
l'équipage ne peut que s'aggraver. Doivent-ils rentrer chez eux les poches vides, quand leurs familles attendaient les
revenus de leur embarquement ? La question porte autant sur leurs finances que sur leur prestige, leur dignité. La
convention de Genève ONU/OMI sur les privilèges et hypothèques maritimes du 6 mai
1993 n'a pas été ratifiée par la France. Ses articles 4 et 5 placent en tout premier plan les créances salariales et les
frais de rapatriement de l'équipage. Seules les créances en matière d'assistance et de sauvetage leur sont préférées. |